SORTIE LE 12 MAI 2017 – Digipak 2CDs
Concert officiel de présentation du coffret : 13 mai 2017 : Ixelles, Théâtre Molière, 20h00 / Lâmekân Ensemble et Derya Turkan (kemençe).
Cinq siècles de musique ottomane | Enregistré par le Lâmekân Ensemble à Istanbul, à la croisée des cultures orientales et occidentales, ce coffret inédit “nous permet d’apprécier une splendide interprétation de la musique ottomane et nous prouve l’universalité de toutes les expressions musicales classiques.” (Kudsi Erguner – maître neyzen, écrivain, musicologue)
Notre teaser + Une interview de Tristan Driessens par PointCulture Bruxelles
COFFRET DOUBLE
Le premier disque donne la part belle au chant classique dès l’âge d’or de l’Empire ottoman. Du père fondateur Abdülkadir Meraghi (†1435) à Dimitrie Cantemir (1673-1723) en passant par Ali Ufki (1610-1675), la musique de cette époque porte des résonances persanes et révèle un lien manifeste avec la Renaissance européenne.
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Le second disque fait resurgir les espaces musicaux d’Istanbul au XIXe siècle, où se perpétuait la grande tradition du makam (mode et itinéraire mélodique à micro-intervalles). Du palais de sultan Selim III aux bars persans (les meyhane), les chefs-d’œuvre de compositeurs phares comme Numan Ağa (1750-1834), Hacı Arif Bey (1831-1885) et Tanburî Cemil Bey (1871-1916) déploient les multiples visages d’une musique urbaine qui atteint son paroxysme.
Lâmekân Ensemble : Tristan Driessens : oud, direction musicale | Rıdvan Aydınlı : chant, ney | Ruben Tenenbaum : violon | Muhittin Kemal Temel : kanun | Simon Leleux : bendir, daire, darbuka | Robbe Kieckens : kudüm ; riqq, daire |
Musiciens invités : Derya Türkan_kemençe | Murat Aydemir_tanbur |Burcu Karadağ_ney | Serdar Bişiren_bendir, daire (15) | Yusuf Tarık Günaydın_tanbur (11)
Les six musiciens de l’Ensemble Lâmekân, spécialistes du répertoire, invitent des maîtres de la musique turque à traverser 5 siècles de musique classique ottomane instrumentale et vocale, dans un enregistrement à Istanbul.
Du makam au lâmekân – D’ici-même vers l’ailleurs
Kayd et beni de defter-i uşşâka a mâhım | “Ô ma lune, inscris-moi au Livre des Aimés”
L’étymologie du mot uşşâk signifie littéralement “les aimés”. Outre la référence à un mode fondamental de la musique turque (ou makam) – très présent à travers le répertoire de ce coffret – le titre principal Defter-i Uşşâk – The Book of Lovers s’inspire de l’amour spirituel qui réunit, au XIIIe siècle, le poète Mevlânâ Celâlû’ddîn Rûmî et son maître, le soufi errant Shams de Tebriz. Après la mort de celui-ci, Rûmî lui dédia ses poèmes mystiques (Divân-e Shams) habités par la présence d’un “au-delà de tout lieu”, un ailleurs hors de l’espace et du temps. Dans ce coffret retentissent les voix de différents poètes à travers les siècles, toutes résonant de cet ailleurs évoqué par Rûmî.
Or makam signifie “lieu” tout autant qu’il se traduit par “mode”. Il fonde et définit le langage musical savant de tout le Moyen-Orient qui oppose la pluralité modale à l’harmonie de la musique classique occidentale. Dans la conception soufie, le “lieu” modal (ou makam) symbolise l’approche de la source divine : chaque makam est une étape successive dans l’ascension de l’homme vers ce point culminant idéal qui est le « non-lieu » : lâmekân. La musique est une quête de l’extase, une ascension spirituelle libératrice. “Mon lieu est le nulle-part, mon signe est le non-signe”, écrit Rûmî.
Au coeur du Livre des Aimés (Defter-i Uşşâk) que présente l’Ensemble Lâmekân, le mode (ou makam) Uşşâk est un lieu primordial parmi les multiples modes de la musique ottomane. Chaque instrumentiste y déploie la justesse de sa propre intonation pour accompagner le chanteur. L’unisson des voix et instruments différenciés rehausse la beauté pure de la ligne mélodique.
Tristan Driessens, joueur de ‘ûd, musicologue